J’ai dit au revoir à la Certitude, mais je ne voulais pas laisser tomber. Appelez-moi égoïste, si vous le voulez. La vérité c’est que je ne voulais pas lui dire au revoir. C´était ma meilleure amie. Nous avions construit ensemble des châteaux de sable, en parcourant les rues et les trottoirs. On a pleuré de rire, au point de perdre le souffle. Et à ce moment-là, je me suis limité à l’observer, à s‘éloigner. C´était difficile de décrire le mélange de mélancolie et de solitude qui me dévorait. C’était comme si je regardais la tragédie Macbeth, de William Shakespeare. La mort était imminente et je ne pouvais rien faire.

J’allais perdre celle qui ne m’avait jamais abandonnée. Je me sentais comme un enfant orphelin, nue dans cette sombre nuit d’automne. Je voulais crier et demander à la Certitude de rester. J’avais envie de la saisir ou de m’agenouiller dans l’espoir de la faire revenir. Cependant, je savais que rien n’allait la dissuader. Contrairement à moi, elle marchait sûre d’elle et chaque pas qu’elle faisait créait un écart encore plus grand entre ce que je voulais et ce que je ne pouvais pas avoir. C’était frustrant et inévitable.

Finalement, la Certitude monte dans le train sans même me dire au revoir. J’aimerais être aussi détachée. Mais je ne pouvais que le souhaiter, rien de plus. La Certitude a rapidement disparu à l’intérieur de cette locomotive sans fin et je suis restée là, statique et terrifiée. Je lui demandé un moment de lucidité pour la ramener à la raison, mais sans succès. Le train est parti à l’heure convenue. Je ne l’ai pas revue depuis. Aujourd’hui, je vis des souvenirs du passé et d’un futur que je souhaitais et qui n’était jamais arrivé. Le vide est toujours présent. Perdre notre meilleur ami est cruel et devrait être interdit. Malheureusement, les hommes ont oublié de l’inclure dans notre législation. Par conséquent, j’ai dû apprendre à vivre dans l’incertitude et à construire mes châteaux, consciente qu’ils sont éphémères, comme chacun d’entre nous.